Retrouver une présence à soi
Nous habitons un corps — mais vivons-nous vraiment dedans ?
Pour beaucoup, le corps est devenu un outil, une enveloppe, une interface. On le gère, on le corrige, on l’expose, on le maltraite… on l’écoute rarement. Il est là, fidèle, silencieux — jusqu’au moment où il se met à parler : fatigue, tension, insomnie, colère rentrée, douleurs qui ne savent pas dire leur nom.
Pourquoi ne l’entendons-nous que quand il gêne, ne fonctionne plus ou fait souffrir ?
Le corps comme territoire intime
Notre intimité commence dans le corps :
un tremblement que l’on ne choisit pas,
un souffle trop haut ou trop court,
une tension que l’on croit “normale”,
une fatigue qui ne s’explique pas.
Ce sont des signaux — pas des faiblesses.
Des traces de vie intérieure. Des mémoires parfois anciennes.
Le corps n’oublie rien. Parfois, il attend simplement qu’on revienne le chercher.
Quand l’esprit va plus vite que la chair
Notre époque, et notre tête, valorisent la performance, l’efficacité, la projection dans l’avenir.
Mais le corps, lui, ne connaît que le temps présent.
Il n’avance pas à la vitesse de nos iphones.
Alors se crée un écart : le mental court, le corps traîne.
Cet écart fatigue, fragilise… parfois dissocie.
L’intime apparaît alors comme un pont.
Le corps et l’esprit se retrouvent — au même endroit, au même moment.
Revenir à soi : non pas se replier, mais s’orienter
Ce retour au corps n’est pas une fuite.
C’est une orientation. Une boussole.
Cela peut commencer très simplement :
s’asseoir sans rien faire,
sentir la respiration jusqu’au bout,
reconnaître une émotion dans le ventre, dans la gorge,
Ce ne sont pas des techniques.
Ce sont des portes d’entrée.
Des espaces minuscules où l’intime peut redevenir habitable.
Le corps comme lieu de présence
Être présent à son corps, ce n’est pas le maîtriser.
C’est l’entendre. Et parfois, l’honorer.
Le voir vulnérable et l’aimer quand même.
Le corps n’est pas un obstacle à la vie intérieure.
Il est son passage.
Son premier langage.
Ce qui nous relie au monde vivant — à notre rythme, à notre mémoire, à notre vérité.
À travers lui, une chose simple peut se réapprendre :
exister pleinement, ici, maintenant.


Et si le corps était une porte d’accès à l’intime ?
Peut-être que l’intime n’est pas un concept — mais une sensation. Un contact. Une disponibilité.
Le moment exact où l’on cesse de surveiller… pour simplement être.
Ressentir n’est pas une faiblesse.
C’est un ancrage.
Retrouver le corps, ce n’est pas trouver une solution.
C’est retrouver une place.